David, c’est l’histoire d’un ami de plus de vingt ans, croisé dans différents congrès, journaux ou médias, dans des projets communs pour lutter contre le tabagisme féminin, parler de nutrition à toutes les étapes de la vie féminine ou mieux comprendre les déterminants sociaux du traitement hormonal de la ménopause.
David fut un pilier d’une expérience passionnante menée à l’échelle d’une communauté dans une petite ville du Nord de la France : « Femmes dans la Ville ». Il s’agissait de la grande époque du THM où le traitement était très largement proposé aux femmes sur des arguments bien-être physique, psychique, sexuel mais aussi santé cutanée, osseuse, cognitive et même en ce temps-là, cardio vasculaire.
L’objectif parfois inspiré mais presque toujours aidé par les nombreux pharmaceutiques concernés était de promouvoir le THM à large échelle, promotion grand public incluse. On voyait des publireportages dans les médias grand public pour vanter les vertus du THM jusqu’à des spots TV.
Les enquêtes menées alors montraient qu’un déterminant majeur était socio-économique et plus social qu’économique. En d’autres mots, les femmes les plus éduquées et informées bénéficient d’une couverture THM largement plus importante que celles moins informées.
David fut membre d’un groupe d’experts essentiellement parisiens très réputés, dont malheureusement beaucoup nous ont quitté depuis. Ce groupe dont j’étais membre a mis en place une étude interventionnelle, visant à valider l’hypothèse qu’en informant les femmes sur leur lieu de vie on pouvait effacer ce gradient socio-économique et leur donner meilleur accès au THM.
Pour cela une ville du Nord de la France a été mise à contribution, grâce aux acteurs médicaux locaux (médecins, pharmaciens, para médicaux) mais aussi politiques le truculent maire de l’époque en tête. Dans un premier temps une enquête menée auprès des habitantes a permis de confirmer le paradigme : les femmes les moins informées avaient moins accès au THM. La seconde partie, interventionnelle, a montré que l’on pouvait gommer le gradient en faisant une campagne d’information locale multicanaux.
WHI est alors arrivé et a balayé toute velléité de poursuite de l’expérience et publications.
Durant ces quelques mois, David s’est déplacé localement à plusieurs reprises pour des réunions publiques et des rencontres avec les forces vives locales. A l’issue d’une de celles-ci nous avons été reçus en grande pompe en mairie et le conseil municipal a offert à chaque membre du conseil scientifique un magnifique panier d’échantillons locaux. David s’est longtemps souvenu du Vieux Lille, un fromage qui a parfumé et vidé le wagon de TGV du retour à Paris.
Jean-Michel BORYS, Endocrinologue, Paris
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