Qui a écrit : « Les femmes n’ont pas tort du tout quand elles refusent les reigles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faictes sans elles »* Féminisme, cela sonne aujourd’hui comme un gros mot évoquant l’hystérie militante de « bouffeuses d’hommes, d’anti-mecs », des images jaunies des manifestations du MLF… Il évoque pour beaucoup les viragos, les militantes ayant du « poil aux pattes » et sous les bras. C’est un fait : le féminisme est souvent perçu aujourd’hui comme « ringard », un mouvement historique, vestige des années 70 et témoin d’une époque révolue au même titre que l’accession du droit de vote des femmes au début du XXe siècle. Alors, oubliées les luttes d’antan qui ont permis aux femmes une vie sexuelle libérée, de disposer de leur corps grâce à l’IVG et à la contraception ? Le féminisme est-il définitivement mort, obsolète, à ranger avec fleurs et couronnes dans les livres d’histoire et au grenier des combats ? Un truc démodé ? Une vieille rengaine ? Oh que NON ! Le féminisme évolue par vagues et si vous n’en aviez pas pris conscience, nous sommes dans la première vague du XXIe siècle ! – Voulez-vous des exemples pour vous convaincre qu’il est encore et toujours vivant, qu’il fait partie de notre vie de tous les jours et que ses axes de luttes sont très divers ? – Voici, en vrac (non exhaustif) :
Les mouvements « Me too », « Balance ton porc » … : qui ont permis et permettent à nombre de femmes de fracasser le silence qui étouffait les actes d’harcèlement, de violences sexistes et sexuelles dans la rue et dans les transports, dans le monde du travail, les universités, les partis politiques, les média – écrits, parlés et TV -, la recherche, – La dénonciation maintenant officielle des violences conjugales et des féminicides – Les revendications de parité hommes/femmes dans la vie politique et publique, dans les média (blagues sexistes…) et la publicité… – Au travail : à emploi égal, salaire égal – Les luttes contre le sexisme dans les banlieues (…« habille toi en jogging et pas en jupe car sinon t’es une pute.. ») – La féminisation de la langue que l’on doit à la pionnière Hubertine Auclert qui, à la fin du 19ème siècle, déclarait « L’omission du féminin dans le dictionnaire contribue, plus qu’on ne le croit, à l’omission du féminin dans le Code civil ».
Enfin, nous les gynécologues sommes bien placés pour en témoigner : les hommes et les femmes n’ont pas des corps « égaux » et entre autres différences majeures elles fabriquent les bébés avec leur corps et pour ne prendre que cet exemple, aller bosser cinq jours après une césarienne, ça craint ! Dénonçons ici l’indignité de demander aux femmes de « se comporter comme des hommes » au risque de perdre leurs avantages sociaux gagnés de haute lutte : est-ce être « anti-hommes » que de rechercher enfin la juste place des femmes au sein d’une société équilibrée où les hommes et les femmes parviendraient à rendre leur cohabitation équilibrée et égalitaire mais… sans gommer leurs différences. Aujourd’hui être féministe, c’est identifier et combattre tout ce qui empêche encore les femmes et les hommes de vivre leurs différences physiques et physiologiques en totale harmonie. Non le féminisme, ce n’est pas du tout un « truc démodé » ! *Montaigne, {Essais}, III, 5
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts pour cet article.
Dr David ELIA, rédacteur en chef
15 commentaires