Bien qu’il n’existe aucun moyen de connaître la véritable réserve ovarienne fonctionnelle, le comptage des follicules antraux (CFA) est considéré, depuis une quinzaine d’années, comme étant un marqueur indirect satisfaisant sur le plan clinique. Une réunion internationale de consensus (1) a récemment établi un guide pratique en 4 points.
1. Définition
Le CFA concerne l’ensemble des follicules compris entre 2 et 10 mm de diamètre présents sur les 2 ovaires. Bien que des images de type folliculaire inférieures à 2 mm puissent être identifiées en échographie vaginale, leur inclusion dans le CFA reste discutée. Ils pourraient en effet ne s’agir que de petites structures vasculaires ou d’artefacts. En pratique clinique, identifier et mesurer l’ensemble des follicules ovariens compris entre 2 et 10 mm de diamètre reste la méthode la plus efficace pour réaliser le CFA.
2. Influence du jour du cycle, des hormones et des kystes
Bien qu’il ait été recommandé de réaliser le CFA en phase folliculaire précoce, il peut en fait être pratiqué quel que soit le jour du cycle (2). Les variations constatées au cours du cycle sont en effet minimes et n’affectent pas les protocoles de stimulation. Il faut cependant ne pas oublier que la présence d’un corps jaune ou d’un kyste fonctionnel peut masquer la présence de certains follicules. Réaliser le CFA en dehors des périodes menstruelles peut diminuer l’inconfort des patientes et aussi améliorer l’organisation et la gestion des examens dans les structures de prise en charge.
En ce qui concerne l’influence de la contraception hormonale et des agonistes sur le CFA (3), celle-ci est minime et varie en fonction des susceptibilités individuelles. Le CFA est possible, mais en cas de résultat médiocre, il est légitime de proposer un contrôle 2 à 3 mois plus tard en dehors de toute prise hormonale. La présence de kystes en particulier endométriosiques doit naturellement être précisée. Elle peut altérer le repérage correct des ovaires et des follicules.
3. Justification du CFA
Le CFA est reconnu comme l’un des marqueurs les plus pertinents pour évaluer la réserve ovarienne fonctionnelle, pour prédire la réponse à une stimulation par gonadotropine. Il est en mesure de prédire à la fois les mauvaises réponses et les hyperstimulations, et donc de proposer une individualisation des traitements inducteurs. Un CFA inférieur à 6 est associé à un faible nombre d’ovocytes et à un taux de grossesses moindre. Un CFA supérieur à 20 représente un risque élevé d’hyperstimulation.
Le CFA est actuellement proposé aux femmes de plus de 35 ans en attente de grossesse depuis plus de 6 mois, aux femmes dont la fonction ovarienne a été altérée par la chirurgie bénigne, lors de traitements gonadotoxiques pour cancer ou par la radiothérapie.
De nouvelles indications apparaissent actuellement en rapport avec l’ensemble des techniques d’AMP proposées. Il s’agit alors souvent de femmes jeunes qui souhaitent faire un bilan de leur fertilité potentielle.
4. Échographie
Il n’a pas été possible d’établir un consensus pour connaître la meilleure technique échographique pour réaliser le CFA (Fig 1). Une seule certitude : l’échographie doit être réalisée par voie vaginale, vessie vide, et le matériel doit être approprié.
Cette réunion de consensus confirme la plupart des points désormais connus sur le CFA comme le nombre et le diamètre des follicules et la pertinence des résultats sur la prise en charge des infertilités.
Elle apporte en revanche deux éléments nouveaux qui restent sans doute à évaluer : d’une part la possibilité, de réaliser le CFA quel que soit le jour du cycle sans altération majeure du résultat, et, d’autre part, de le réaliser chez des patients sous contraception orale.
Joël Créquat
Echographiste
Centre Péreire, Paris
RÉFÉRENCES
1. Coelho Neto MA, Ludwin A, Borrell A et all. Counting ovarian antral follicles by ultrasound : a practical guide. Ultrasound Obstet Gynecol 2018; 51: 10–20
2. Jayaprakasan K, Chan Y, Islam R, Haoula Z, Hopkisson J, Coomarasamy A, Raine- Fenning N. Prediction of in vitro fertilization outcome at different antral follicle count thresholds in a prospective cohort of 1,012 women. Fertil Steril 2012; 98: 657 – 663
3. Bentzen JG, Forman JL, Pinborg A, Lidegaard O, Larsen EC, Friis-Hansen L et all. Ovarian reserve parameters: a comparison between users and non-users of hormonal contraception. Reprod Biomed Online 2012; 25: 612 – 619
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