13 ans déjà !
Juillet 2002 : un tsunami planétaire se prépare à bouleverser la santé des femmes : la WHI (Women Initiative Health Study).
Cette étude, à un milliard de dollars, sans précédent dans les annales de l’épidémiologie, affiche une méthodologie Gold Standard : elle est randomisée versus placebo, en double aveugle.
Nous nous préparions à partir en vacances et il fallut attendre l’automne pour apprécier l’onde de choc, très largement sous estimée encore. Et lors des journées de l’AFEM de Novembre 2002 (Association Française pour l’Etude de la Ménopause), Jacques ROSSOUW, investigateur principal de l’étude se permettait de répondre à la question que je lui posais, cette question qui brûlait les lèvres des gynécologues du monde entier : «Pourquoi avoir choisi une cohorte dont l’âge moyen est de 63,5 ans ?», d’un ton laconique et méprisant : «parce que c’est notre population de femmes ménopausées».
Ce n’est pas tant l’augmentation très minime du risque de cancer du sein (un risque relatif à 1,24) qui bouleversa l’ordre établi (ce risque était déjà colligé depuis 1997) mais l’augmentation faible (1,24) du risque relatif cardiovasculaire. Et ce, alors que nous considérions tous que ce risque était diminué de moitié.
Alors à la trappe, la diminution constatée du nombre de fractures qui voyait pour la première fois sa confirmation au sein d’une population tout venant, la réduction aussi du risque de cancer du côlon,… rien n’y fit, et les «Rockets», représentés par chaque sous analyse de l’étude, n’en finirent plus alors de terroriser les femmes, et malheureusement beaucoup de leurs médecins. Ceci pour le plus grand régal des médias de tout poil, qui trouvèrent ici matière à faire de l’audience à bon compte et d’augmenter ainsi leurs recettes publicitaires.
Et lorsqu’en 2006, le vent commence à tourner et que la WHI se trouve peu à peu «démontée», que ses principaux défauts apparaissent en pleine lumière et que son investigateur principal Jacques ROSSOUW en vient même à publier que le risque cardiovasculaire des femmes de 50 à 65 ans est bien diminué, ces mêmes médias observent un silence assourdissant ! Depuis, de très nombreuses études, certes non randomisées versus placebo en double aveugle sont venues rectifier les conclusions de la WHI mais, rien n’y fait : nos patientes ont peur ! Nous nous devions de réaliser ce numéro spécial «Ménopause» afin de redire une fois encore que la désaffection des femmes pour le THM n’est pas justifiée et que, même si l’adversité semble insurmontable, nous devons continuer de plaider auprès de nos patientes concernées pour l’adoption d’un THM.
Je vous souhaite un excellent été et vous donne rendez-vous pour les 24 et 25 septembre pour les 18e journées de GENESIS qui promettent d’être passionnantes : INSCRIVEZ-vous dès à présent.
Article paru dans le Genesis N°185 (juin/juillet 2015)
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