Prévenir et traiter la sécheresse cutanée vulvaire pour assurer une qualité de vie quotidienne à vos patientes.
La gynécologie est une médecine de la vie, venir nous consulter ne signifie heureusement pas toujours la crainte ou la recherche d’une maladie grave.
Mais il s’agit souvent de troubles qui, s’ils ne mettent pas la vie en danger, sont parmi les pires perturbateurs car ils dégradent rapidement la qualité de vie de nos patientes. En effet, pour beaucoup d’entre elles, la vie quotidienne est gâchée par un symptôme qui pourrait paraître bénin, mais qui réclame toute notre attention : la sécheresse cutanée vulvaire. Or nous savons tous que confort intime et vie sexuelle, autrement dit vie sociale et vie privée, sont tributaires du bon état du revêtement cutané. Là est bien le paradoxe qui risque de troubler nos patientes : évoquer la sécheresse, c’est immédiatement et à contrario évoquer l’eau (problème actuel s’il en fut !).
■ Le danger des toilettes répétitives
Là comme ailleurs c’est en effet l’eau qui va faire évoluer la situation, l’eau qui porte et redonne la vie. Et pourtant nous savons le danger des toilettes répétitives pour guérir ou à tout le moins atténuer la gêne, source de dyspareunies comme d’atteintes bactériennes ou de mycoses à répétition. Or ce système ne ferait que tout aggraver, privant encore la peau de sa nécessaire protection. Alors, que faire ? Comment combattre cette sécheresse, comment aborder le traitement qui rendrait aux « femmes à problèmes » une qualité de vie normale, comment les guérir ? Femmes en période d’activité génitale ou problèmes de carence hormonale, la symptomatologie reste la même, douloureuse et parfois invalidante, avec le cortège de brûlures, prurit, dyspareunie causés par la sécheresse, autant de motifs fréquents de consultations.
Il s’agit donc ici de lutter contre ces maux et contre les agressions de tous ordres qui les créent ou les aggravent, ces derniers étant très fréquemment retrouvés. Sécheresse, vous avez dit sécheresse ? Le risque de modifier encore le rôle protecteur des glandes sébacées, de décaper plutôt que de régénérer n’est pas négligeable.
Pas si simple peut-être, car les femmes ont souvent déjà essayé de leur propre chef toutes sortes de produits, au cours de lavages et nettoyages répétés, qu’elles considèrent comme des soins d’hygiène indispensables mais aussi comme des traitements. Elles s’étonnent de leur inefficacité, et même parfois de leur aggravation comme de l’absence d’effet des traitements systémiques. « Pourtant, Docteur, je suis très vigilante, je me lave plusieurs fois par jour », phrase souvent entendue, et toujours à réfuter !
■ Des troubles jour et nuit
Peut-être cette situation fait-elle tout simplement partie de ces moments clés de nos consultations, où la prescription se doit d’être accompagnée, peut-être même précédée, d’un dialogue en mots du langage courant et sans paternalisme. Cette femme a peut-être déjà essayé plusieurs méthodes, mal conseillée ou gênée d’en parler. Or il ne s’agit nullement pour elle de banals « petits désagréments », (rien ne saurait être qualifié de banal dans ces circonstances) mais bien de vraies atteintes à sa qualité de vie quotidienne : prurit, brûlures, problèmes qui peuvent rendre la position assise intenable ou la marche insupportable, mêmes intolérances aux frottements de la lingerie, dyspareunies ou plutôt rapports redoutés et refusés, à l’origine de sérieux problèmes de couple, en fait comme l’a formulé une de mes patientes, des «troubles du jour et de la nuit ».
Alors essayons de réfléchir à haute voix avec elle, qui a si bien mis en mots cette atteinte à sa qualité de vie. Que se passe-t-il dans cette région sinon obscure du moins secrète de son corps ? Revenons aux fondamentaux : La peau est une partie capitale de notre corps, sa santé est donc elle aussi capitale. Comment la définir et la protéger : une peau saine bénéficie du film protecteur naturel produit par les glandes sébacées, garant de sa qualité, de son intégrité et de ses défenses naturelles. En effet, si ce système est perturbé, la peau qui a perdu cette précieuse protection en est fragilisée. Elle est alors réceptive aux attaques de champignons, bactéries, virus et autres affections cutanées, autant d’agressions que eau et savons ne peuvent qu’aggraver.
Et s’installe alors le cortège, variable mais toujours pénible, de ces manifestations qui, nous redisent nos patientes, leur gâchent la vie : rougeurs, parfois oedème, avec prurit et brûlures, inflammations sous-jacentes avec des douleurs que le moindre effleurement exacerbe. Mais outre ce que l’examen nous confirme aisément, l’effet sur la qualité de vie est facile à imaginer. Le quotidien en est évidemment perturbé, et nos patientes se disent irritables, de mauvaise humeur, avec parfois des difficultés de concentration et des troubles du sommeil.
Que la vie sexuelle soit atteinte est une évidence, avec le risque de problèmes dans le couple, cela ne fait qu’ajouter à la nécessité de prendre ces femmes au sérieux et de les soulager au plus vite. Pour leur rendre un confort indispensable, et parfois aussi une image d’elles-mêmes moins perturbée, deux étapes en fait concomitantes.
■ Les conseils en consultation
- Expliquer que, ici, l’eau ne fait que renforcer la sécheresse de cette peau « sans défense ».
- Prescrire un traitement local – émulsions, crèmes, pommades grasses dans le but de protéger la peau de cette région des agressions extérieures, en contribuant à renforcer ses défenses.
- Et pourquoi pas, en cas de doute, prendre l’avis du dermatologue, si notre patiente y consent…
Certes, nous savons que nous ne sommes pas démunis : nous avons aujourd’hui à notre disposition un traitement local correspondant à cette nécessité réparatrice. Cerise sur le gâteau, il répond en outre à l’historique injonction « Primum non nocere » !
Michèle Lachowsky
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts pour cet article.
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