Mme Fior et ses collègues (Centre Champalimaud à Lisbonne), expérimentent la croissance de cellules tumorales humaines implantées dans des larves de… poissons zèbres !
Chaque poisson devient alors un minuscule modèle de cancer du patient et l’on peut alors tester divers traitements sur cette larve.
Bien sur des « avatars» de « cancer similaires » ont aussi été créés avec des souris, mais les avantages des poissons zèbres sont que les résultats sont plus rapides et moins coûteux, ce qui permet d’inclure plus de patients. En effet lorsqu’on implante les cellules cancéreuses d’une tumeur humaine chez des rongeurs dépourvus de système immunitaire normal on peut parvenir au même résultat et on peut aussi tester divers médicaments capables de réduire les tumeurs.
Mais ces souris sont coûteuses et nécessitent généralement entre 2 et 6 mois pour donner un verdict. Le poisson zèbre est beaucoup moins cher et de plus facile à élever. « Le poisson zèbre pourrait ainsi bientôt devenir un modèle de référence pour le traitement du cancer », explique Leonard Zon, (Harvard Médical School, Boston). Zon connaît bien ce poisson car il l’utilise depuis plus d’une décennie pour étudier la croissance des cancers. Fior et ses collègues ont ainsi d’abord déterminé si les tumeurs humaines se comportent de la même façon chez le poisson zèbre que chez la souris. Ils ont inséré des cellules de cancer colorectal humain dans des embryons de poisson zèbre et ont observé leur croissance pendant 4 jours.
Les tumeurs résultantes ont montré trois caractéristiques des tumeurs solides humaines :
– la division cellulaire rapide,
– la formation de vaisseaux sanguins pour fournir des nutriments
– la capacité de se propager à d’autres cellules
L’équipe a ensuite ajouté à l’eau des poissons l’un ou l’autre des deux cocktails de chimiothérapie couramment utilisés pour le cancer colorectal et a constaté que certaines des tumeurs diminuaient et d’autres non.
Ce résultat suggère que les avatars de poissons sont parfaitement capables de discriminer les médicaments efficaces et inefficaces.
Puis ils ont injecté des cellules provenant de tumeurs colorectales de cinq patients dans différents embryons de poisson zèbre et ont ajouté à l’eau des poissons la même chimiothérapie que les patients avaient reçue.
Dans quatre cas sur cinq, la réponse des tumeurs chez les avatars du poisson zèbre fut capables de prédire correctement -dans un délai de 3 mois à 6 mois après la chirurgie- la sensibilité ou la non sensibilité des tumeurs des patients. (Actes de l’Académie Nationale des Sciences)
http://www.sciencemag.org/news/2017/08/zebrafish-implantedcancer-patient-s-tumor-could-guidecancer-treatment
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