Editorial de Christian JAMIN

 

Mon cher David,

Quelle drôle d’idée de partir brutalement, sans prévenir, sans nous préparer à un tel désastre !

Quand on m’a annoncé ton décès tout d’abord je ne l’ai pas cru, suspectant une très fâcheuse erreur. Je dois avouer rester incrédule même 2 mois après. 40 ans de vie commune cela ne s’efface pas par un simple texto !

Nous conversions plusieurs fois par semaine depuis si longtemps, au moindre prétexte, heureux d’échanger à propos de tout, d’une idée, d’une contrariété, d’une fureur ou d’un bonheur, fussent-ils anodins.

Je dois avouer depuis ne pas être à la hauteur : comme le dit Aznavour ; « il faut savoir quitter la table , mais moi je ne sais pas, mais moi je ne peux pas… ».

Nous avons tellement construit ensemble que je suis comme un enfant désorienté par les choix à venir et la perte des projets.

 

Ta bonne humeur calmait mes ardeurs belliqueuses, mon fou rire te ramenait dans le chemin de la raison quand tu voulais en découdre comme Don Quichotte, y compris avec une ministre pour une injustice faite à notre combat commun pour la santé de la femme.

Le THM, la contraception, l’après cancer du sein, le confort sexuel, la liberté d’expression et d’action, l’enseignement, à travers Gynécole et Genesis, de la gynécologie médicale vers les sage-femmes et les médecins généralistes… Rien n’a échappé à ton engagement : tu ne me laissais aucun répit, aucun droit au découragement.

Nous avons connu les gares et aéroports au petit matin dans nos virées des Samedis de la Contraception, violence faite à toi qui n’aimait explorer la France que depuis ton ordinateur. Nous nous sommes propulsés loin de nos bases : Chine, Vietnam, Afrique du Nord, Polynésie… Avec des amis professionnels de santé pour promouvoir la gynéco à la française mais aussi pour des séjours de franche amitié, pour ne pas dire de vrais bonheurs festifs.

 

Nous avons vu s’étioler peu à peu nos espaces de liberté au nom du DMOS, du politiquement correct, de la censure et de la bien-pensance mais sans cesse nous découvrions de nouveaux chemins de traverse non encore interdits, vers nos objectifs que nous ne voulions pas abandonner.

Le temps, l’âge et la mort ont eu raison de notre enthousiasme. Je vais essayer de poursuivre seul avec mes moyens pour Toi mais aussi surtout pour Elles.

 

Éternellement à toi

 

Cher(e)s consœurs, chers confrères, 

David était mon grand ami. C’est à ce titre que la direction d’Impact Medicom m’a confié la coordination de ce numéro hommage. Après mûres réflexions, nous avons décidé de mettre David à l’honneur en privilégiant les tribunes éditoriales, format très cher à David, comme vous le savez. Coups de cœur, coups de gueule, innovations… 

Tout ce qui aurait pu plaire à David ! Très bonne lecture

 

Christian JAMIN, 

169 boulevard Haussmann, 75008 Paris

 

 

 

 

Editorial de Éric SEBBAN 

 

Bonjour à toutes et à tous

J’ai appris avec stupeur et tristesse la mort de notre ami David suite à un appel téléphonique de sa femme Nhuan dans la nuit du vendredi 6 août alors que je me trouvais moi aussi en Grèce. Et je ne m’en remets toujours pas…

C’est une perte immense pour notre communauté médicale mais c’est surtout un ami et un grand frère que j’ai perdu.

 

David, le médecin

Un grand médecin gynécologue !

Il a fait partie de tous les combats pour la défense de la santé des femmes à une époque ou les droits des femmes n’étaient pas ce qu’ils sont actuellement.

– Droit à la contraception ;

– Droit de pratiquer les avortements (il faisait partie de ces médecins qui prenaient des risques pour pratiquer des avortements clandestins à l’époque) ;

– Après tous ces acquis, il s’est intéressé à la prise en charge de la ménopause afin de traiter au mieux les patientes et aussi de former et d’informer ses collègues. C’était un membre actif de l’AFEM – Association Française pour l’Etude de la Ménopause ;

– Il s’est aussi beaucoup intéressé au cancer du sein. Nous avons d’ailleurs contribué à créer avec Christian Jamin et David Elia, l’AFACS (Association Francophone de l’Après Cancer du Sein) ;

– Depuis plus de 20 ans il contribuait avec sa revue Genesis et son congrès annuel à former les médecins et les sages-femmes à la gynécologie ;

– Curieux, il était devenu un expert de la prise en charge des troubles sexuels liés à la ménopause et aux traitements hormonaux du cancer du sein et il avait mis au point des solutions par traitement laser ;

– C’était un grand écrivain, auteur de nombreux ouvrages grand public et spécialisé autour de la vie des femmes.

 

David, l’ami

Dans ma carrière de chirurgien libéral je dois beaucoup à 2 médecins :

– Pierre-Alain Goumot

– Et David Elia

Je me suis installé à Paris comme chirurgien libéral au début des années 2000 et l’usage à cette époque pour un chirurgien qui s’installait était d’aller rencontrer ses confrères gynécologues médicaux pour se faire connaître.

Cette tradition a d’ailleurs disparu avec l’avènement de la communication et des rencontres par les réseaux sociaux.

 

J’ai donc rencontré David. Il m’a pris immédiatement en amitié et m’a beaucoup aidé alors qu’il était déjà un expert reconnu de la gynécologie.

  • Pour commencer il m’a confié ses patientes pour leurs interventions chirurgicales ;
  • Ensuite il m’a présenté de nombreux collègues gynécologues qui eux aussi m’ont aidé à pérenniser mon activité ;
  • Enfin il m’a fait rentrer dans le cercle de ses congrès et de ses revues.

 

Je lui dois beaucoup.

Juste retour des choses il avait rejoint mon cabinet il y a quelques années.

 

DAVID, ta présence va me manquer au quotidien lorsque nous nous croisions ne serait-ce que quelques minutes et que nous échangions sur des sujets aussi divers que la gestion des patientes bien sûr mais aussi, la religion, la montée de l’antisémitisme ou plus récemment les polémiques sur le vaccin COVID.

J’ai aussi la nostalgie de nos voyages de travail dans tous les pays du monde surtout les derniers en chine à Ghanzou ou nous partions en tête à tête assurer des formations.

Ca fait maintenant plus de 2 mois que tu es parti et je ne m’y fait toujours pas.

 

Pour terminer j’ai une pensée pour toute la famille de David et particulièrement pour sa femme Nhuan et la petite Nine avec lesquelles je partage mon chagrin.

 

Selon la formule consacrée, Ivanoah bechalom michkavol DAVID.

 

Éric SEBBAN 

Chirurgien cancérologue et gynécologue, Responsable département chirurgie gynécologique et mammaire, Clinique Hartmann Neuilly, Hôpital Américain de Paris. Cofondateur Institut Rafael