En 2015 dans un édito Genesis déjà ancien je nous qualifi ais, nous les gynécologues-médicaux, « d’espèce en voie de disparition ». Ou en est-on aujourd’hui ? L’effectif a effectivement bien fondu mais fi nalement pas autant que je le craignais : la relève est là, en petit nombre certes, mais elle résiste à l’extinction.

 

D’une part chez les médecins :

En 2018, 2 795 gynécologues médicaux exerçaient en France : 9,8 gynécologues médicaux pour 100 000 femmes. Et certaines régions comme les Pays de Loire, la Haute Normandie, la France Comté et l’Alsace affichent des densités à peine > 5/100 000 et l’évolution moyenne des effectifs en France est prévue avec une baisse de cet effectif de 22% en 2030… L’âge moyen actuel des gynécomédicaux est de 61 ans et les 2/3 sont des femmes. En 2018, on compte 5 030 gynécologues-obstétriciens dont l’âge moyen est de 47 ans, (17,6 gynécologues obstétriciens pour 100 000 habitants) à parité égale pour les femmes et les hommes. Et cet effectif baissera de 16% en 2030.

 

D’autre part chez les sages-femmes :

Alors que les naissances baissent, elles sont en croissance irrésistible. Le nombre de celles et ceux s’orientant vers l’exercice libéral croit régulièrement et elles/ils s’y installent de plus en plus précocement. La part de sages-femmes libérales ou mixtes devrait atteindre 36 % en 2030 ! (Drees). Leur âge moyen est de 40 ans : 7 ans de moins que les gynécologues obstétriciens et…. 21 ans de moins que les gynéco-médicaux.

Un certain nombre de questions se posent aujourd’hui :
– Quelle sera réellement la diminution de l’effectif de gynécologues médicaux d’ici 2030 ?
– Cette activité gynécologique est-elle déjà pratiquée par les sages-femmes, et, si oui, par quelles sages-femmes ?
– La formation reçue dans les écoles ou en formation continue selon les générations d’élèves permet-elle ce transfert d’activité entre gynécologues médicaux et sagesfemmes ?
– Si on dédie toutes les compétences des gynéco-médicaux aux sages-femmes afin de combler une carence qui devient de plus en plus problématique cela ne revient-il pas à ressusciter le diplôme de gynécologie médicale avec sa dizaine d’années d’études… ?
– Les sages-femmes ne seront-elles pas au contraire réduites dans leurs compétences sous la forme de « premier recours » avec accès au gynéco-médicaux ou au gynéco obstétricien « deuxième recours » ?

 

Et les femmes, nos patientes dans tout ça… Sauront elles s’adapter à ce nouveau paysage et à ces nouvelles règles du jeu ? – Oui sans doute pour les plus jeunes, plus diffcilement pour leurs aînées ayant vécu le système antérieur. Les décisions du pouvoir politique seront lourdes de conséquences. Loin de moi l’idée d’opposer les deux corps professionnels : Christian Jamin et moi avons démontré depuis bientôt 12 ans par nos formations Gynécole, administrées dans une ambiance fort conviviale, de pair aux sages-femmes et aux médecins, que nous étions persuadés que les uns et les autres nous étions au service des femmes et que nous leur devions de collaborer plutôt que de nous déchirer.

 

Dr David ELIA, rédacteur en chef